Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils avaient la tête pleine du bourdonnement incessant des moteurs. Ce fut avec un immense soulagement qu'Emil vit la côté américaine apparaître. A côté de lui, Emillie souriait, elle était si radieuse.
"On est bientôt arrivés, encore quelques minutes." lui dit-il.
Une semaine plus tôt, Emillie l'avait supplié de l'emmener en Amérique, où elle espérait trouver d'autres survivants. Il n'avait d'abord pas été très chaud à cette idée. Il préférait garder sa soeur pour lui tout seul, mais qui aurait trouvé la force de dire non en face d'un regard comme celui d'Emillie. Il avait retapé un coucou de la guerre 40 trouvé au musée de l'aviation et s'était entraîné à piloter. Puis il avait rassemblé armes, équipement et provision et avait affrêté un camion pour transporter l'avion jusqu'en Bretagne, histoire de faire un voyage aussi court que possible au cas où il ne tiendrait pas le coup. Et à présent, ils arrivaient au terme d'un voyage de neuf heures dans ce gros bombardier allemand modifié. Dans la soute, une valise, celle d'Emillie. Elle tenait tellement à sa garde-robe. Emil ne tenait pas vraiment à ses vêtements, n'importe quelle tenue fonctionelle lui convenait. Il était actuellement vêtu de son treillis de l'armée Française. Finalement, Emillie avait peut-être raison. peut-être le contact d'autres humains lui serait profitable. Ils étaient peut-être les deux derniers français au monde, et quitter leur pays natal avait été difficile.
Les docks de New-York étaient déjà en vue quand les moteurs commençèrent à tousser et à cracher. Emil joua avec le démarreur, mais la jauge d'essence avoisinait le zéro absolu. C'était prévisible. Et encore, s'il n'avait pas traficoté le réservoir l'avion serait déjà tombé en panne sèche au milieu de l'océan.
"Bon, accroche-toi Emillie, je vais essayer d'atterrir."
"Je te fais confiance."
Emil rougit un peu. Chaque fois qu'Emillie lui disait ça, il était rempli de joie. Il tira sur les commandes. L'avion s'approcha lentement du sol. Bientôt ils eurent dépassé les quais et entraient dans une rue. Le bombardier était encore assez petit pour pouvoir passer dans l'avenue, mais à la moindre erreur de pilotage il s'écrasait sur un immeuble. Une grande secousse ébranla l'appareil quand il toucha le sol. Il dérappa sur l'asphatle en renversant les voitures qui traînaient dans un affreux crissement de tôle froissée.
Puis il finit par s'immobiliser après une course de 200 mètres.
"Emillie ! Ca va ?"
"Oui, juste quelques bleus."
"Bien, reste dans l'avion, je vais sécuriser la zone pour que tu puisse sortir."
Il attrappa son famas et sortit de l'appareil par la porte de secours. Il fit quelques pas dehors en scrutant les alentours. Il faisait encore jour. Mais on n'était jamais à l'abri pas les temps qui courraient. sil y avait des survivants, le mieux était de les trouver le plus vite possible. Maintenant qu'il y pensait, il ne comprenait pas un traître mot d'anglais. Emillie connaissait un peu la langue, mais il était hors de question qu'elle sorte de l'avion avant qu'il ne soit sûr qu'il n'y avait aucun danger.
"Euh... Hé ?! Y'a quelqu'un ? Ohé ! Hello !"