Après l'effort...

==> Les cellules

Une bien étrange bataille, je devais dire. Je me demandais quand même ce qui pouvait se passer en bas, mais ca n'allait pas m'empêcher de dormir cette nuit. J'ouvrais la porte de ma chambre et invitais Rowan à s'assoir sur le lit. Ce n'était pas grand les chambres d'Elias Corp, mais on y était tranquille. Dans l'armoire, je sortais les quelques petites choses que j'avais piqué de temps à autre à l'infirmerie. Je n'avais pas confiance dans ces toubibs, je préférais me soigner moi même. J'avais de quoi désinfecter, mais j'étais pas sur de pouvoir sortir la balle de l'épaule de Rowan. Je vidais mon "armoire à pharmacie" sur la table, et commençais l'inventaire.

- Apparemment je dois avoir de quoi t'extraire la balle, mais j'ai pas de quoi anesthésier. Faudrait aller piquer une bouteille à Zimmerman... A moins que tu te sentes de t'en passer...

En attendant, je m'occupais de moi. C'était moins grave, ca se soignait plus vite. Un petit coup de désinfectant, un gros pansement, et c'était bon. J'aurais peut être du faire un ou deux point, mais la couture c'était pas mon truc. A la guerre comme à la guerre disait l'expression. Quand j'étais seule et blessée dans le désert, fallait bien que je me débrouille sans le confort de la civilisation. Et j'étais toujours là. Comme quoi, le plus simple pouvait suffire quand on ne pouvait pas faire autrement.

- Allonge-toi, je vais y regarder...

J'essuyais doucement le sang et inspectais le point d'entrée. La balle n'avait pas l'air d'être trop profondément dans l'épaule. Je n'étais ni médecin, ni chirurgien, mais extraire des balles, je savais faire, quand c'était faisable avec les moyens du bord.

- Ca tombe bien, j'ai pas envie de forcer la porte de Zimmerman pour une bouteille d'alcool...

Avec la chance que j'avais, je serais fichue de tomber sur quelqu'un... J'aurais l'air de quoi si on me surprenait à m'introduire par effraction dans le bureau du boss pour lui piquer de la gnôle? J'avais une réputation à tenir quand même... Je laissais ça à Aaron, il le faisait mieux que moi. N’empêche, c’était pas forcement une bonne idée de faire ça là… J’allais être bonne pour faire de la lessive après. Mais l’infirmerie était dans une autre aile du bâtiment, je voulais arranger Rowan et m’en débarrasser, j’avais besoin de repos. Ma propre blessure me faisait de plus en plus mal, je commençais sérieusement à me demander si mon égratignure n’était qu’une égratignure. Ca allait être dur de regarder par moi-même, je n’étais pas souple à se point… Mais bon, je m’en occuperai plus tard. Là, je devais extraire la balle de Rowan.

- J’ai été dans l’armée. En mission, on n’avait pas le confort, alors quand on devait extraire une balle en urgence, j’avais encore moins de matériel qu’ici. Maintenant, rien ne t’empêche de te mettre sur tes petites jambes et d’aller jusqu’à l’infirmerie, avec le meme problème que pour le bureau du boss.

L’infirmerie n’était pas loin des labos… Sûrement pour ça que je passais mon temps à faire l’amalgame. D’un coté comme de l’autre, les toubibs filaient tout un tas de drogues, pour guérir soi-disant. La femme de Zimmerman aussi avait été « guérie » dans les labos après l’évasion. Si elle n’en est pas ressortie indemne, il était hors de questions que je mette un pied là bas en dehors des rondes de sécurité. Je n’avais confiance ni en Zimmerman, ni en Elias Corp. Tout n’y était que mensonges. Faire mon travail ok, mais c’était tout.

- Tiens toi tranquille. La seule qui peut charcuter ton bras, c'est toi en bougeant trop.

J’attrapais une pince, épongeais le sang qui continuait de couler, et commençais l’extraction. Comme je le pensais, le projectile ne s’était pas logé trop profondément. Je l’attrapais, et essayais de le retirer, mais il m’échappa. Merde. Premier coup. Pas grave. Quelque chose m’avait gêné, sûrement un mouvement de Rowan.

Je m'apprêtais à reprendre l'opération quand quelqu'un frappa à la porte. Je doutais qu'un hybride ait ce genre de politesse, mais je m'écartais de Rowan en sortant mon arme, ce qui me valut une douleur déchirante. J'évitais toutefois d'hurler, ce n'était pas le moment, et me contentais de respirer un bon coup. Zimmerman entra alors sans que j'ai pu dire un mot, et surement pas lui donner la permission d'entrer. Ma chambre c t propriété privée, pas le moulin d'à coté. En plus, je me faisais engueuler. Ben voyons. J'aurais du la laisser dans cet état là, Rowan, il aurait été content.

- Criez sur quelqu'un d'autre.

Le boss avait déjà commencé à s'installer. Non mais si je gênais fallait le dire... Je rangeais mon arme et m'éloignais vers la porte. Un coup d'œil au niveau de mon pansement, mon tee-shirt était taché de sang. Beaucoup plus qu'au départ. J'aurais vraiment du me faire un point ou deux. Tant pis. Ce serait pour plus tard. J'avais pas l'intention de me déshabiller devant ce type. De toute manière, je n'avais pas le temps, il avait besoin de moi. Pour pas changer. Par contre, il était hors de question que je le laisse me toucher. Je n'avais aucune confiance en lui, et je me débrouillais très bien toute seule. Je secondais Zimmerman au mieux. Il enleva la balle de l'épaule de Rowan avec une facilité déconcertante. Il était médecin... mais un vrai médecin, à la base. On avait pas beaucoup l'occasion de le voir à l'œuvre, pour nous, c t surtout le grand manitou d'Elias Corp. Je lui apportais les bandages. Il avait intérêt à m'en laisser, j'allais en avoir besoin dans pas longtemps.

Depuis quand il m'appelle par mon prénom?!

Je n'étais pas habituée à ce qu'on m'appelle Mila ici. J'étais la seule qu'on appelait régulièrement par son nom de famille. Entendre mon prénom dans la bouche de Jack, c'était étrange et particulier. Mais au delà de ça, je restais sur mes positions, hors de question qu'il me charcute.

- Merci. Ca ira.

Il devait y avoir assez de blessés à l'infirmerie pour lui s'amuser. Moi, qu'il m'oublie. Après tout, c'était de sa faute si j'avais été blessée. Il serait resté en haut comme je lui avais dit, ca ne serait pas arrivé. Mais il a fallu qu'il nous rejoigne avec la suite d'évènements logique qui m'avait conduit à ruiner mon tee-shirt qui devenait de plus en plus rouge. Je posais mes mains sur mes hanches, en décalant légèrement la droite pour la poser sur ma blessure. J'en profitais pour ramener le tissu dans ma main au maximum pour éviter qu'il ne voit l'étendue des dégâts.

- Avec Rowan endormie, vous allez devoir la porter à l'infirmerie. Me la laissez pas ici. Je vais aller chercher Aaron, on fera le tour du bâtiment voir si tout est sécurisé.

Dès que je me serais changée

- Rowan n'a pas voulu aller jusqu'à là pour éviter de perdre trop de sang.

J'avais pas envie qu'elle reste dans ma chambre à dormir... Surtout la laisser seule avec mes armes. Ni de me retrouver seule avec Zimmerman dans une chambre. A chaque fois qu'il venait me trouver dans mes quartiers, j'étais mal à l'aise. Je restais sans bouger à cacher au mieux l'étendue sanglante. Presser la plaie me faisait mal, mais je ne voyais pas d'autre solution. Il avait beau me flatter, je restais immobile. Perdre son investissement, je le reconnaissais bien là. Même avec son grand sourire, il ne trompait personne et surtout pas moi.

- Fallait y penser avant de débarquer aux cellules. Mais non, y a fallut que vous veniez jouer les héros. Si je suis blessée, c'est de votre faute.

J'avançais quand même de quelques pas pour le rejoindre. C'était de pire en pire. A chaque pas, je me retenais d'exploser. Qu'est ce qu'il pouvait m'être arrivé? Ça n'avait pas l'air de plus qu'une égratignure au départ. Je pensais m'appuyer à coté de la porte, mais c'était coté droit. Je souffrais assez comme ça... M'adosser? C'était exposer les dégâts à Zimmerman. Je restais donc debout, juste en face de lui...

- Je vais bien. Une douche, du linge propre, je vais chercher Aaron et je retourne au boulot. Je suis une pro. Ne l'oubliez pas.

Et puis un miroir pour voir ce qu'il se passe et me réparer à coup de bandages. Un nouvel hold up à l'infirmerie va s'imposer, je crois... La vache, qu'est ce que ça fait mal...

Je n'ai pas besoin de vous

Jack ne me laissa pas le temps de protester qu'il m'attrapa sans ménagement, ce qui me valut un hurlement de douleur, que je ne pus réprimer cette fois. A tous les coups ce cinglé avait aggravé mon cas. Et pour couronner le tout, il me tripotait en souriant. Non mais j'en revenais pas de celle là. Quel pervers!

- Lâchez moi...

Je pensais me dégager, mais une nouvelle douleur me prit. Je pouvais plus faire un mouvement. ma tête se posa sur son épaule, et je le laissais m'emmener en face. Je détestais être dans cet état, je lui en voulait pour tout ça. Son sourire et son attention... C'était facile de jouer les toubibs au grand cœur après tout ça. S'il cherchait vraiment un vaccin au lieu de faire toutes ses expériences, rien de tout ça n'arriverait. Pourquoi je gardais ce job? Ce type ne valait pas ce que je faisais pour lui et ses installations...

- Foutez moi la paix. Je n'ai pas besoin de vous.

Je pensais me redresser et partir, mais je n'y arrivais pas. J'étais certaine qu'il avait aggravé ma blessure en me portant. Zimmerman était une véritable catastrophe. Je m'en sortais toujours mieux sans l'aide de personne, ça se vérifiait toujours. J'étais la meilleure. C'était pour ça que les hybrides m'avaient visé. Mais j'étais toujours là, et j'entendais bien le rester. On ne se débarrassait pas de moi aussi facilement... En règle générale en tout cas... parce qu'aujourd'hui, c'était pas gagné.

Lâchez moi.. Foutez moi la paix..
la railla-t-il en répétant ses paroles.

C'est bon.. Vous avez fini vos enfantillages de grande dame gâtée qui fait tout toute seule.
Il soupira et revint vers elle.

Si tout allait si bien vous m'auriez déjà faussé compagnie. Alors on se tait et on exécute mes ordres point final.
Il la regarda puis avec une infinie délicatesse il la retourna pour regarder cette blessure. Il senti qu'O'Brian allait encore répliquer et il prit les devant.

La ferme O'Brian, sinon je vous charcute et vous aurez une vrai raison de hurler après moi.
Le ton était dur mais on pouvait déceler une pointe d'inquiétude dans sa voix. Doucement il souleva le tissus au dessus de la plaie et grimace.
*Elle est folle... Ce bandage est déjà imbibé et son t-shirt n'en parlons pas et à part ca elle hurle qu'elle va bien.. * Il secoua doucement la tête et attrapa des ciseaux pour couper le bandage de fortune. Tous ces gestes étaient précis et doux ne déclenchant pratiquement aucune douleur. Cette facette de lui le rendait presque humain.

- Ca va, lâchez moi avec vos idioties. J'allais très bien jusqu'à ce que vous interveniez.

Jack m'aida à bouger, mais ce n'était pas chose facile. Non pas que j'étais lourde, mais je me tenais prête à lui tuer les tympans s'il faisait un geste de trop. Je n'étais pas du genre à m'énerver, je restais calme en toute circonstances, mais je savais donner de la voix si ça n'allait pas. Justement, il avait oublié de faire attention à mon arme.

- Hé, grand chef, mon calibre... Trempé dans le sang, il va marcher beaucoup moins bien.

Mais tout ce qu'il trouva à dire c'était que je devais me taire. Ben voyons. Exécuter les ordres, je savais le faire, lui par contre, c'était autre chose. Alors qu'il ne me fasse pas la morale sur ce point. Je sentais Jack retirant mon bandage... Pas de remontrances? C'était bien ce que je pensais. Y avait rien du tout. Un peu de sang qui coule, oui ben ça m'arrivait tous les mois, j'appelais pas au secours pour autant. Il se montrait doux et prudent, ça changeait de ses habitudes, je pouvais pas dire le contraire. Les miennes, par contre, avaient du mal à rester enfouies...

- Vous voyez? Une égratignure. Rassuré? Laissez moi me lever maintenant.

J'essayais de bouger, mais une nouvelle douleur me prit. Je me retenais de hurler, mais me retrouvais illico allongée. Je fermais les yeux, et respirais le plus profondément que je pouvais. J'étais plus forte que ça. Ça n'allait quand même pas être une petite blessure qui allait me mettre à terre...

Jack attrapa le pétard et le mit de côté sans même répliquer quoi que ce soit et revint vers la blessure. Il resta silencieux aux divers paroles de Mila. Il compris lorsqu'il entendit le changement de respiration de sa patiente que rien que le fait de bouger déclenchait la douleur. avec un geste doux et bien placé il la replaça pour observer la blessure.

Je nettoie et je vous dis si c'est grave ou pas. Je risque de vous faire mal alors donner de la voix si vous voulez mais surtout ne bougez pas sinon je vous endors comme Rowan. Compris?

Il n'attendit pas l'accord de la jeune femme et attrapa un linge désinfecté pour nettoyer la plaie doucement. Ses lèvres formèrent une moue gênée en voyant l'étendue réelle des dégâts.

Mila si vous sortez sans séquelles de cette intervention je jure de vous obéir la prochaine fois mais juste une fois. Il ne faut pas abuser des bonnes choses.

Il soupira puis regarda l'impact de la balle.

Bon, en restant sérieux voici la situation. Vous avez une balle dans le dos et comme vous n'avez pas arrêté de bouger, elle aussi a bougé. Comme c'est vous je vous laisse le choix de soit jouer vos dur et rester éveillée, soit je vous endort... J'avoue que je préférerais la deuxième mais vous connaissant....

Sa main trembla légèrement lorsqu'il passa le doigt sur le contour de l'impact.
*Tu t'en sortira je le jure...*

Je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais pas râler, je restais allongée, et attendais. Jack allait très doucement, je sentais à peine le passage du linge. Je savais que cette aggravation soudaine n'était pas normale, mais la peur m'avait gagné, j'avais du mal à entendre la vérité. Il se montrait d'une patience à toute épreuve, lui qui avait un caractère aussi facile que le mien d'ordinaire. Je plongeais la tête dans l'oreiller en attendant le verdict. Je sentais que la prochaine phrase du toubib n'allait pas me plaire...

- A vos ordres.

Ma réponse avait été semie-étouffée par l'oreiller. Je laissais faire Jack, plus parce que je n'avais pas le choix qu'autre chose. J'imaginais dans ma tête tous les scénarii possibles. Aucun ne me convenait réellement. L'hypothèse de l'égratignure était à proscrire, j'en avais pleinement conscience. Quand Jack parla de séquelles, c'était sa manière de dire que c'était grave, il ne m'apprenais pas grand chose. Comme si il allait se mettre à être raisonnable du jour au lendemain, parce que j'étais blessée dans le dos... N'importe quoi...

- Soit c'est une promesse en l'air, soit vous savez que vous n'aurez pas l'occasion de la tenir.

Dans les deux cas, il m'avait menti. Jack quoi... Je sortais la tête de l'oreiller et me tournais vers lui. J'avais l'impression que ces quelques secondes à attendre duraient une éternité. A croire qu'il faisait durer le plaisir, mais j'entendais dans sa voix une inquiétude qu'il avait du mal à cacher. Il pouvait être attentionné quand il n'y avait personne à coté, mais j'avais toujours pris ça pour de l'hypocrisie. Aujourd'hui, je ne savais pas trop quoi en penser. Alors comme ça, j'avais quand même pris une balle? Je pouvais pas le croire, je l'aurais senti. Je m'en étais déjà prise à l'armée, je savais ce que ça faisait. Visiblement, c'était la 2e solution... Il n'aurait pas à tenir sa promesse...

- Quand je vous disais que j'étais une pro... Mourir pour Elias Corp, c notre job. Protéger les biens et les personnes au péril de notre vie, toujours en première ligne. Ben pour moi c'est fait. Vous pouvez être fier de votre investissement, il aura été jusqu'au bout de sa mission.

Sauf que les funérailles nationales, ca serait pas pour moi. A Elias, on remplace et on oublie. Si ça pouvait avoir du sens quand j'étais en bas au milieu des affreux, ça en avait beaucoup moins allongée sur un lit. Tout ça pour ça...

- Si je dois mourir, ca ne sera pas en dormant. Allez y.

Et sors moi de là, Jack... Sors moi de là...

Arrêtez de parler ainsi. Vous n'allez pas mourir. Il est hors de question que vous mourriez !
Le ton monta malgré lui, il ne supportait pas ce défaitisme, il l'a préférait combattante même si c'était contre lui. Et puis, surtout, il était inenvisageable pour lui de la perdre pas comme ça....

Maintenant Mila, vous ne bougez plus. Vous hurlez si nécessaire mais surtout tentez de restez calme, sinon je risque de faire une connerie et vous en pâtirez.

Il soupira puis attrapa le scalpel qu'il venait de désinfecter. Doucement et prudemment, il ouvrit un peu plus la plaie pour voir l'étendue des dégâts. Il ne pu retenir une grimace en voyant le sang s'écouler, il y en avait trop. Le projectile avait du déchirer une veine, il n'aimait pas bosser ainsi à l'aveugle sans réel matériel mais là il était impossible de déplacer la jeune femme. Alors il se mit à prier que la chance soit avec lui et lui permette de réussir cette opération.

Je vais maintenant devoir fouiller un peu pour trouver le projectile. C'est là que vous risquez d'avoir le plus mal, serrez les poings et mordez l'oreiller si ça peut vous aider mais ne bougez surtout pas.
La voix était douce et prévenante, rien à voir avec toute les intonations que Mila avait déjà pu entendre de la part de Jack. Il ferma les yeux un moment puis plongea la pince dans l'ouverture, il fit le plus rapidement possible mais le premier essai fut infructueux. Il recommença et cette fois trouva la balle. Celle ci avait commencé à s'enfoncer vers le bas.
*Elle est profondément enfoncée.... Et j'ai trouvé la veine abimée... Elle devrait s'en sortir.... On respire et on y va...*
Les gestes sont assurés, il remit pour la troisième fois la pince et cette fois, retira la balle très rapidement.

Une bonne chose de faîte... Mais c'est pas terminé...
Il regarda Mila puis reprit son opération il attrapa de quoi réparer la veine et stopper l'hémorragie, cela lui prit un peu plus de temps qu'il ne pensait mais il réussit et referma la plaie par quelque point.

Puis la tension dans son corps se relâcha d'un coup et il leva la tête vers le ciel.
Merci seigneur, je ne l'aurais pas supporté
Murmura-t-il rapidement avant de retirer ses gants et de se redresser. Il s'apprêta à passer sa main délicatement sur la tête de Mila mais stoppa son geste et laissa retomber sa main.

Vous avez interdiction de bouger pour le moment...

- Criez sur quelqu'un d'autre. Vous n'étiez pas censé m'écouter? Quand je disais que c'était une promesse en l'air.

Ne plus bouger... J'avais compris. Je ré enfouissais ma tête dans l'oreiller, prête à hurler si besoin était. Ça allait bien se passer, Jack était un pro... J'évitais de me demander depuis combien de temps il n'avait pas toucher un scalpel, et me contentait de me rappeler la facilité avec laquelle il avait retiré la balle de Rowan. Je respirais profondément avant qu'il ne commence à m'ouvrir. C'était douloureux, mais en serrant les poings je le supportais. Quand il allait chercher le projectile, ça allait être autre chose.

- Je ne bougerai pas.

C'était pas une bonne idée, c'était pas une bonne idée, c'était pas une bonne idée, C'ÉTAIT PAS UNE BONNE IDÉE

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Ça c'était horrible. Je sentais chacun de ses gestes, chaque mouvement de la pince. Ça résonnait dans tout mon corps. Le sang coulait autour de la plaie, je voulais l'arrêter, je voulais que tout s'arrête. Mais quand je pensais être arrivé au bout, il replongea la pince et la douleur repris de plus belle. Je ne me souvenais pas avoir autant hurlé de ma vie. C'était épuisant. Au 3e passage, je regrettais de ne pas avoir choisit l'anesthésie... C'était abominable. J'avais l'impression que la pince arrachait tout sur son passage. J'étais déchirée de l'intérieur. Je ne pouvais plus retenir mes larmes, qui vinrent tacher l'oreiller. Je me sentais tellement faible...

- Vous étiez censé me soigner, pas me torturer.

Je me serais endormie sur place si Jack en avait eu fini. Mais la douleur continuait. Ça ne finissait jamais. Qu'est ce que j'avais bien pu faire pour mériter ça? J'avais toujours eu de bonnes notes à l'école, j'avais servi mon pays, j'avais survécu à la contamination, je supportais même mon patron... J'avais le droit à la paix... Je n'avais même plus la force de crier. Je me contentais d'attendre que Jack daigne en finir avec cette maudite blessure. Qu'il me tue, ça irait plus vite.

Je veux que ça s'arrête.

J'ignorais combien de temps s'était écoulé entre le début de l'opération et la fin. Je pariais sur 4 à 5 mois. Quelle horreur. Jack refermait la plaie. Le calvaire était enfin fini. Je n'avais plus le droit de bouger? La bonne blague. Je crois que ça aurait pu me faire sourire, mais non. De toute manière, même si je le pouvais, j'en avais pas la force. Je sortais ma tête de l'oreiller, ça faisait du bien de respirer l'air néfaste d'Elias Corporation. Je respirais doucement et rouvrais les yeux. Je devais avoir une tête déterrée avec les yeux rouges et le visage affaibli par la douleur. Je fixais le mur. Je ne faisais pas attention à ces futilités d'ordinaire, mais là c'était différent. La grande professionnelle s'était fait avoir par un petit bout de métal et avait du mettre sa vie entre les mains de l'homme qu'elle détestait le plus. J'avais honte...

- Bouger? Comment voulez-vous que je bouge? La sécurisation du bâtiment devra attendre...

L'homme s'était tourné pour essuyer ses mains avant de faire le bandage. Quand il se retourna, il fut touché par l'apparence dévastée de Mila et ne controla pas totallement sa réaction. Il s'avanca et s'accrouppi à la hauteur de la jeune femme, puis d'un geste tendre, il effaca avec son pouce la trace des larmes.

Vous semblez avoir perdue votre voix... Désolé d'avoir du vous faire si mal....
*Il fallait accepter de dormir... Sale caractère...*
Il lui offrit un sourire, avant de se réinstaller sur le lit à ses côtés.

Je vous fais le pansement et après je vous laisse vous reposer...
Les doigts de Jack effleurèrent de nouveau la peau de Mila pour déposer la gaze et le pensement. Une fois celui ci finit, il voulu replacer le t-shirt mais se ravisa au vu du sang sur celui ci.

Soit vous retirer votre haut soit je vous le découpe mais pas question que vous le replaciez sur le pansement.
Sa voix avait toujours cette intonation de tendresse si rare. Il attendit la réponse de sa patiente avant de bouger de nouveau.

- Vous vous dites surtout que je l'ai bien cherché... Et vous avez raison.

J'étais fatiguée et dégoutée. D'un autre coté, rien que pour voir Zimmerman au chevet d'un de ses larbins ça valait le coup de rester en vie. J'allais finir par croire que c'était un humain, s'il continuait à être aussi avenant. Je me surprenais même à apprécier sa présence... Ma tête devait être atteinte aussi... Mais ça, je lui laisserai pas l'ouvrir. Je me décalais un peu pour qu'il puisse s'assoir à coté de moi, ce qui me valut une jolie grimace. Voilà pourquoi j'avais pas le droit de bouger... Chaque mouvement me faisait un mal de chien.

- Je reste un soldat gradé qui se met en avant dans la bataille.

Jack refit mon pansement. Ça sonnait la fin de ce calvaire et le début d'un autre: la convalescence. Il était évident qu'avec moi elle allait pas durer longtemps. Mais rien que là, j'avais envie de bouger et je ne pouvais pas. Je devais reprendre des forces avant tout. J'avais toujours du mal à croire que j'avais réussit à me mettre dans un état pareil. Ce n'était qu'une petite égratignure quand j'avais regardé en bas. Mais je n'avais pas d'œil dans le dos, j'avais pas reconnu un impact de balle. Je m'en voulais autant qu'aux autres... Enfin, c'était fini. J'étais réparée, et bientôt je pourrais à nouveau dégainer sans avoir mal... Grâce à Jack... Oh que ça faisait mal de penser ça... Pendant ce temps là, il avait raison, je devais me changer.

- Découpez. De toute manière, je vais me remettre à hurler si je dois l'enlever moi même.

Mais impossible d'aller en chercher un moi même... Soit je laissais Zilmmerman fouiller mes tiroirs, soit je restais en soutien-gorge... Je détestais mon état!

- Il y a un gilet rouge dans la commode. Le 2e tiroir en partant du haut. J'aurais moins de mal à l'enfiler.

Une fois que Jack eut fini de faire le pansement, j'essayais de me remettre sur le dos. Rien que me mettre sur le coté gauche était une tourmente. Pourtant, je ne pouvais pas rester comme ça. La sagesse voudrait que j'attende l'aide du docteur... Mais voilà... On se refait pas. Je devais pouvoir m'assoir pour me changer. Quitte à retomber sur le lit après... Je ramenais mes jambes vers l'extérieur du lit, et me redressais doucement, la main sur le pansement. Ça faisait mal! Et avant que Zimmerman n'ait eu le temps de m'engueuler (encore), moi aussi je prenais les devants.

- C'est juste pour enfiler mon gilet, après je me recouche.

Jack grimaca en la voyant bouger mais il ne pouvait la maintenir de force. Lorsqu'elle fut assise, il prit les ciseaux et découpa le t-shirt sur toute la hauteur dans le dos. Il passa ses mains sour le tissus et délicatement avec un légère caresse fit glisser les restes du haut vers l'avant afin que Mila puisse l'oter toute seule.

Je vais chercher le gilet, je reviens.
Il se leva et passa la porte. Il passa rapidement dan sla chambre d'O'Brian et distingua que Rowan dormait encore. Tant mieux elle en avait besoin. Ses pieds se dirigèrent alors vers la commode.
*Alors 2eme tiroir en partant du haut*
Il ne chercha pas à fouiller ce n'était pas son style, à moins d'avoir une vrai raison ce qui n'était pas le cas ici. Il attrapa le gilet qui était sur le dessus de la pile et ressortit immédiatement, pour revenir dans la pièce en face.

Voici votre gilet.
Il déposa le vêtement à côté de la jeune femme.

Je suppose que vous allez refuser mon aide comme d'habitude...
Il laissa en suspens sa phrase et bizarement il y avait comme une pointe de regret dans celle ci mais son visage ne trahissait en rien ce sentiment. Celà ne devait être qu'une impression.

Je vais aller vous chercher des doses de morphine pour la douleur. Vous en prendrez régulièrement mais attention à l'accoutumance, pas de droguée dans mon élite... J'en déposerais ausi pour Rowan.
Il soupira légèrement.
*Pourquoi mon coeur a-t-il faillt s'arreter en bas quand je t'ai vu en sang... Et là encore, je tremble et j'ai cette intonation si douce.... Qu'est ce qui m'arrive?... Je me ramollis ou est-ce juste toi?..*

Jack découpait mon tee-shirt et le faisait glisser délicatement. Cette caresse dans mon dos lui aurait valu une jolie gifle d'ordinaire, et pourtant je le laissais faire. Je ne comprenais pas moi même mon propre comportement. Une autre faiblesse en plus de celles qui s'accumulaient à cause de l'opération sans anesthésie. Y était temps que je me reprenne. Je ne faisais pas un boulot où je pouvais mollir. Je terminais d'enlever mon haut pendant que Jack allait chercher mon gilet. Il avait raison, d'habitude je n'aurais pas demandé son aide, mais là, j'étais plus à ça près...

- Non... Je vais avoir besoin de vous.

Rien que de me pencher pour prendre le gilet, c'était douloureux, alors le passer moi même, ça allait être drôle. Il avait su me déshabiller, il saurait me rhabiller. Et effectivement, il m'aida en douceur. J'aurais préféré ne pas avoir eu à lui demander, mais ça aurait pu être pire. Les cinglés de l'infirmerie auraient surement pris beaucoup moins de gants avec moi. Une fois le gilet passé, je le boutonnais. Avant de me rallonger, je savourais un peu d'être assise. Mes coudes sur mes genoux, ma main gauche dans mes cheveux m'empêchait de tomber en avant. Je soupirais un bon coup en l'écoutant me parler de morphine. C'était vrai que ça allait me faire du bien...

- Merci

Mais tout à coup, un détail me revint en mémoire... L'infirmerie... Les labos... Et si Zimmerman tentait de m'attendrir pour me refiler une de ses dernières expériences? Je n'aimais pas devoir prendre des médicaments venant des tiroirs d'Elias. On ne pouvait jamais être sur de ce qu'ils nous donnait. Et je ne parlais même pas des injections... Je refusais de servir de cobaye. Mais si je refusais d'un coup? Mieux valait ne rien dire. Surtout s'il allait donner la même chose à Rowan. J'attendrais de voir les effets sur elle avant de commencer mon traitement. Et puis, après tout, après ce que j'avais supporté pendant l'opération, j'étais pas à ça près.

- Comment va Rowan?

Le jeune homme fit un léger sourire, un vrai très rare de sa part.

Elle va bien, elle dort encore et vous devriez faire de même.

Il poussa légèrement sur l'épaule de Mila pour la forcer à se coucher. Une fois allongée, il ne pu s'empêcher de dégager les cheveux du front de la demoiselle et d'y déposer un baiser puis il la regarda dans les yeux.

Si vous racontez ne serait-ce qu'un mot de ce que je viens de faire dans cette pièce, je jure de vous remettre votre balle en place.
Le ton n'était pas sérieux, son léger sourire flottait toujours sur ses lèvres. Il se releva et se dirigea vers la sortie.

Dormez maintenant je reviendrais avec de la morphine pour vous et j'en déposerais pour Rowan.
*Et puis faut que je sache où est passé Aaron... Il va m'entendre celui là, je l'envoie à la rescousse des deux femmes et elles sont toutes deux blessées et lui introuvable..*

Il passa la porte sans trop se retourner.
*Si je me retourne, je reste près d'elle et c'est mauvais pour moi.. Elle me chamboule dans cet état... Il me faut m'occuper et oublier ... Oui c'est çà oublier...*

Dormir? Non... J'avais pas envie de dormir. C'était risquer un mouvement malheureux, hors de question. Et puis j'étais bien assise, prête à me lever dès que possible. Je devais aller patrouiller. J'avais du travail. Faire partie des 5, ce n'était pas de tout repos. Rowan ne connaissait pas sa chance de ne pas faire partie de cette élite. Mais, comme à son habitude, Jack en avait décidé autrement. Il me força à m'allonger. Il m'en voulait... Bon, je me laissais faire, après tout il devait partir après chercher la morphine, ou quoi que ce soit. Je pourrais me relever à ce moment là. Mais plus ça allait, moins je le reconnaissais. Il déposa un baiser sur mon front... Il avait été remplacé par un hybride en salle des commandes, ce n'était pas possible...

- Je vous promet de le garder pour moi. En échange, gardez l'histoire de ma blessure pour vous. Je n'ai pas envie que les autres soient au courant.

J'ignorais si le secret médical avait encore cours maintenant, mais j'espérais qu'il se taise. J'avais trop honte. Je ne supporterais pas les jugements d'Aaron et les autres. Je me redressais un peu pour me mettre plutôt sur le coté gauche, pour ne pas appuyer sur la plaie. Je plaçais mon gilet pour qu'il cache le bandage. Jack se leva pour partir... Une pensée étrange me vint... Je n'étais pas pressée de le voir s'en aller. Je devais être inquiète de voir ma plaie mal tourner en son absence... Il voulait encore que je dorme... C'était une manie. Je fermais les yeux pour lui faire plaisir.

- D'accord. Ne vous en faites pas, ca va aller...

J'écoutais attentivement ses pas... Dès qu'il avait passé la porte, je rouvrais les yeux et tentais de me rassoir.

Jack sortit de la pièce et s'adosse immédiatement au mur longeant la chambre. La tête renversée vers le ciel il resta là immobile quelques instants avant de se reprendre...
*Je suis timbré... Je ressemble à rien et je suis ridicule.. Qu'est ce qui m'a pris?..*

Il soupira puis se redressa avant que quelqu'un ne puisse le voir dans cette situation.

Bon direction les labos.. Je trouverais ce dont j'ai besoin là bas et puis je pourrais avoir le bilan des blessés et malheureusement des morts aussi car il doit y en avoir...

Il se dirigea vers les ascenseurs reprenant son masques de leaders, s'allumant même un cigar, et éteignant dans ces yeux cette petite lueur d'humanité qu'avait allumé la scène avec O'Brian.

les labos

Je restais immobile en entendant Jack dans le couloir. S'il me voyait me lever, j'allais encore avoir des problèmes. Pourquoi restait-il sans bouger? Lui aussi était blessé? Je l'aurais remarqué, non? Je pensais aller voir ce qu'il se passait quand il parla d'aller aux labos. Il devait juste être fatigué. Je lui avais donné du fil à retordre avec mes histoires... Je voulais aller le voir, mais j'étais censée dormir... Et puis, il reprenait sa marche de toute manière. Au loin, j'entendais le clic de son coupe-cigare... Pour la première fois depuis la contamination, j'avais le sourire aux lèvres...

Il changera jamais...

Je respirais un bon coup pour redevenir sérieuse. Ca me réussissait pas les balles dans le dos... Je parvenais à m'assoir et essayais de me mettre sur mes deux jambes. Mais impossible de rester debout, je retombais illico sur le lit. Un 2e essai pour aller récupérer mon arme sur la table, mais rien n'y fait... Je devais me faire une raison et rester tranquille un moment. Je me rallongeais et fermais les yeux. Peut être m'étais-je endormie... Je n'avais plus de notion du temps. Mais une voix me fit sursauter... Rowan était réveillée.

- Je suis là, j'arrive!

A nouveau, je me rasseyais, et essayais de me mettre debout. J'avais du mal à rester sur mes jambes, ma blessure me faisait mal. Mais je devais y arriver. Je m'appuyais sur tout ce que je pouvais et serrais les dents. Je me posais sur la chaise à coté de la table pour remettre mon arme à ma ceinture. Elle était pleine de sang... Mon sang... Le temps de l'opération, il avait commencé à sécher. J'essuyais rapidement ce que je pouvais. Le reste allait me rappeler par quoi j'étais passée aujourd'hui. Une fois mon calibre à sa place, je me relevais en m'appuyant sur la table. Je remettais mon gilet pour qu'il cache le bandage et, un pied devant l'autre, doucement, je rejoignais ma chambre.

- T'es en vie, je te félicite.

J'allais directement sur ma chaise. J'étais encore fébrile mais je pouvais mettre ça sur le compte de la fatigue.

- Je dormais en face. C'est épuisant une attaque hybride. Comment tu te sens? Zimmerman est parti te chercher de la morphine.